Les destins de nos "Malgré-Nous"
L'incorporation de force dans l'armée allemande, à partir du 25 août 1942
Nul drame n’aura marqué autant la conscience contemporaine de l'Alsace que celui de voir ses jeunes hommes enrôlés de force dans l’armée allemande prise dans les tourments de la Seconde Guerre mondiale.
Ce traumatisme, initié en violation du droit international, concernera également nos voisins Mosellans et Luxembourgeois. Il découlera autant d’une logique d’assimilation idéologique que des impératifs de l’effort de guerre du Troisième Reich pris dans une guerre totale.
Quelques chiffres clefs méritent d’être cités afin d’en mesurer l’ampleur :
100.000 Alsaciens et 30.000 Mosellans porteront ainsi l’uniforme allemand à partir d’août 1942.
Les malgré-nous constitueront dans les dernières années de guerre 1% de l’effectif de l’armée allemande, estimée en 1944 à plus de 12 millions de soldats.
40.000 seront tués ou portés disparus, dont 24.000 morts au front et 16.000 en captivité soviétique ou yougoslave.
10.000 d’entre eux resteront invalides.
Ces incorporés de force furent dispersés sur l’ensemble des fronts, excepté celui de l’ouest à quelques exceptions près, de l’extrême nord de la Norvège, au front d’Italie, en passant bien entendu par les vastes étendues russes et les reliefs des Balkans.
Ils furent affectés dans l’ensemble des composantes, terre, air et mer de la Wehrmacht, ainsi que dans la Waffen-SS. Un Barrois fut même affecté dans une unité combattante de la police.
Après avoir constaté une défection des Alsaciens et Mosellans qui, malgré les espoirs de l’envahisseur, ne s’engageaient que faiblement dans l’armée allemande, les Nazis ont décidé de rendre le service militaire obligatoire.
En Moselle, le Gauleiter Josef BURCKEL promulgua l’ordonnance instituant le service militaire obligatoire dès le 19 août 1942. Son collègue Robert WAGNER, Gauleiter à Strasbourg, prit le relais le 25 août 1942.
Désormais, il sera obligatoire, pour tous les Alsaciens et Mosellans, de servir, malgré eux, sous l'uniforme allemand, sous peine de sévères représailles, y compris à l'encontre de leurs familles ! Il s'agit là de l'origine du terme "MALGRE-NOUS"
Nous souhaitons, autant que faire se peut, préserver la mémoire des Barrois et originaires des communes voisines qui ont subi cette incorporation de force. Ceux, bien entendu, qui ne sont pas revenus, mais également les autres qui, tout en survivant à cette épreuve, en ont gardé de profondes séquelles, tant physiques que morales.
Le 26 août 1942, les Dernières Nouvelles d'Alsace publient l'instauration de l'incorporation des Alsaciens dans l'armée allemande et titrent :
"Une ordonnance du chef de l'administration civile appelle les jeunes classes à rejoindre les volontaires alsaciens pour accomplir leur devoir d'honneur" ! (la 1ère page ci-dessous)
Le régime nazi appelle au volontariat de l'engagement, puis l'oblige !
Dès 1940, des actions de propagande seront menées par les dirigeants nazi, afin d'encourager les jeunes Alsaciens à rejoindre les rangs de l'armée allemande ou de la Waffen-SS.
Face à l'évidente absence du niveau de réponse attendu, le Gauleiter WAGNER décida, en août 1942, l'incorporation de force.
Première page des Dernières Nouvelles d'Alsace du 26 août 1942, annonçant l'obligation faite aux Alsaciens de servir dans l'armée allemande.
Affiches de propagande diffusées par le régime nazi, en Alsace, afin d'encourager l'engagement volontaire des Alsaciens.
(collection privée)