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L'Eglise catholique Saint-Martin

par Christian SCHMITTHEISLER 

On peut situer l’origine de la paroisse Saint-Martin et de sa première église au VIème siècle. Celle-ci se trouvait sur une petite éminence, au pied du Kirchberg.

 

Une nouvelle église fut construite vers le milieu du XIIème siècle et il en reste l’imposante tour romane de l’actuelle église protestante.
 

En 1545, la ville de Barr passa à la réforme. L’église Saint Martin devint lieu de culte protestant. En 1685, Louis XIV imposa de concéder l’usage du chœur au petit nombre de catholiques de la ville. Ceci s’appelle le”Simultanéum”. Cette cohabitation ne fut pas toujours bien vécue, car les catholiques représentaient une minorité de plus en plus importante au cours des décennies et en 1779 ils demandent la construction d’une église sur le «jardin du château» (emplacement de l’ancienne Caisse d’Epargne). Un referendum rejeta ce projet.

Une caserne transformée en église

Pour répondre au vœu des catholiques, la municipalité fit l’acquisition d’une caserne construite en 1816 et 1817 par Léonard Juvigny comportant 2 bâtiments principaux et 2 bâtiments secondaires pour héberger les troupes d’occupation, un bataillon du 11e régiment de l’infanterie autrichienne et désaffectée depuis leur départ. 
 

Le bâtiment nord est transformé en église d'après les projets de l'architecte Reiner en 1826-1827, complété par une tour hors œuvre ; le bâtiment sud devint une école aménagée en 1825 et remanié en 1855 par Ringeisen.
 

Bien que les catholiques ne se montrent pas très favorables à ce projet (ils auraient préféré un site plus proche du centre ville), le bâtiment d’une dimension de 38m x 13m est entièrement vidé, seul les murs extérieurs sont conservés et percés de neuf baies en plein cintre. Selon les plans établis par l’architecte départemental Reiner, une toiture nouvelle à deux pans est installée et l’édifice est flanqué d’un clocher-porche à trois niveaux d'élévation. Sa façade occidentale est percée d'une porte surmontée d'un fronton triangulaire. La partie supérieure du clocher est percée de baies avec abat-son et elle est surmontée d’un toit en forme de dôme. Une sacristie attenante au mur sud fut construite.
 

Quelques années plus tard, la ville fit l’acquisition du terrain face à l’église pour y établir le cimetière catholique et une partie des monuments funéraires qui se trouvaient jusqu’à présent au cimetière protestant y furent transférés (jusqu’alors 1/3 du cimetière protestant était réservé aux tombes catholiques). L’immeuble qui se trouve à son extrémité ouest devint le presbytère catholique.

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Dessin d’Auguste Schwind de 1818 représentant la caserne

Collection Famille Walter Gertwiller

La transformation

Elle fut dédiée à Saint Martin, saint-patron de la ville et par bonheur, le bâtiment était orienté comme devrait l’être toute église, c’est à dire le chœur tourné vers le soleil levant, symbole du Christ Ressuscité. Deux rangées de colonnes qui sont en fait des troncs d’arbres lui donnèrent un aspect un peu basilical et une tribune fut érigé pour y accueillir un buffet d’orgue Stiehr-Mockers.
 

Le chœur fut surélevé de 3 marches et l’autel et son tabernacle furent installés sur un promontoire.
Les bancs installés de part et d’autre de la nef, permettaient d'accueillir environ 600 fidèles.

 

Au fond du chœur se trouve un grand tableau représentant saint Martin partageant son manteau. C’est une copie de Van Dyck (1599-1641) dont l’original se trouve au château de Buckingham à Londres. Van Dyck excellait dans les portraits, - il était peintre de la cour d’Angleterre - et c’est le visage de saint Martin qui est la pièce maîtresse de la composition.

Les vitraux sont consacrés à des saints choisis à cause de leur popularité régionale ou nationale ou pour le patronyme du donateur. Ils ont été réalisés en 1927 par le maître verrier Bartholomé de Turckheim.

 

A l’origine, sa décoration en stuc était d’un style assez ostentatoire pour ne par dire prétentieux.

Le curé Nicolas ECK, né vers 1795 à Obernai, exerça son ministère à Barr de 1827 à 1864.

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Le projet des catholiques

Mais avec l’industrialisation de la ville, la population ouvrière très majoritairement catholique s’accroît considérablement tout au long du XIXe siècle. Avec cette augmentation du nombre des fidèles, l’édifice s’avère trop petit pour accueillir simultanément toutes ses ouailles. La communauté veut bâtir une nouvelle église, plus grande et à cet effet, a acquis un terrain situé en contre-bas de l’école (actuellement terrain de camping paroissial). Si l’on se réfère à la photo du projet, l’édifice de style néo-baroque est monumental.
 

La communauté catholique, de condition modeste, n’a pas les moyens de financer le projet. 
 

En 1891, elle sollicite la municipalité mais celle-ci a déjà beaucoup investi dans d’autres projets comme la couverture de la Kirneck, la construction du Collège, de l’Ecole Protestante, de l’Hospice, de l’adduction d’eau et elle n’entend pas recourir à un nouvel emprunt qui viendrait encore aggraver la dette publique. 
Le conseil municipal laisse traîner l’affaire, d’autant que ses membres sont très majoritairement protestants, que le projet n’est pas prioritaire à leurs yeux et enfin, il se retranche derrière une décroissance de la population ouvrière liée au début du déclin de l’industrie barroise.

 

L’affaire traîne pendant quelques années, mais à l’issue d’une longue procédure la commune va être contrainte à constituer une épargne annuelle à montant variable alimentée par des coupes de bois exceptionnelles et destinées à pré-financer la construction. L’épargne sera constituée pendant quelques années, mais la déclaration de guerre devait sonner le glas de ce projet qui fit couler beaucoup de salive et d’encre.

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13 Avril 1925

Le baptême des nouvelles cloches

1925 Baptême des cloches

Le lundi de Pâques de cette année a été un jour de joie et de fête pour Barr. Les deux cloches, qui avaient été apportées en grande pompe le dimanche des Rameaux, ont été bénies. L'évêque en personne a voulu présider la cérémonie. Lorsque Mgr Ruch est descendu du train à la gare (les nombreux excursionnistes de Pâques n'ont pas été peu surpris par le spectacle rare qui s'offrait à eux), il a été salué par un concert de la section Clairon de la société des jeunes de Barr. Le recteur Vogel et son vicaire, l'abbé Higel - Barr, le recteur Hartz – Sainte-Marie-aux-Mines et le clergé du canton, entre autres, étaient présents à la gare pour l'accueillir. Une jeune fille en costume alsacien a offert un magnifique bouquet à l’évêque. La voiture richement décorée s'est mise en route sous la conduite de l'association des jeunes avec son drapeau et ses clairons retentissants, ainsi que des pompiers. A côté de Mgr Ruch, le député Walter, conseiller général de Barr, avait pris place. C'est ainsi que l’ évêque a fait son entrée solennelle dans la ville richement pavoisée et décorée.Une première réception a eu lieu à la mairie et au presbytère, où la commune et le conseil de l'église ainsi que les représentants des associations ont été présentés.

A l'église, les deux cloches étaient vêtues de leurs magnifiques robes de baptême et décorées de fleurs. Des guirlandes et des lampes électriques ont été suspendues à l'entrée du chœur. Malheureusement, l'église ne pouvait pas accueillir tous les fidèles. Une fois de plus, la nécessité de construire une nouvelle église à Barr se faisait sentir.
Les cloches sont dédiées à saint Joseph (Mi) et à Saint Martin, patron de la paroisse (Sol). Elles proviennent de la fonderie de cloches Causard - Colmar et font honneur à l'entreprise. Elles ont été créées grâce à la générosité de la municipalité et aux dons des paroissiens. Les parrains et marraines de la cloche Joseph étaient Messieurs Victor Christophe, Charles Krucker, Ernest Hummel, Jean Oster, Edouard Graff et Mesdames Marie Clotilde Taufflieb, Marie-Thérèse Taufflieb, Marie-Eugénie Aweng, Marie Oberle-Ehret, Victorine Meyer ; de la cloche de Saint-Martin, Messieurs Charles Fleischmann, Louis Offner, Emile Grimm, Fergus Daeschler et Mesdames Marie Christophe, Anna Theiller-Huerstel, Marie K1ing, Marie Reichhardt.

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La photo officielle avec Monseigneur Ruch au centre du 1er rang

Dans le rang du haut, M. Jean Oster (pâtissier)en 3e à partir de la gauche

(photo confiée par la famille Oster)

A la porte de l'église, l'évêque a été accueilli par le clergé et, précédé par les parrains et marraines, il a fait son entrée dans l'église décorée avec goût. Messieurs le Député Walter, le Maire Baumhauer et l'Adjoint Taufflieb ont également assisté à la cérémonie. La messe solennelle a été chantée par un enfant de Barr. Monsieur le curé Elsasser - Zinswiller, assisté de Messieurs les curés Spitz - Stotzheim et Meyer - Andlau et sous l'assistance pontificale de Monsieur le Révérendissime Évêque. La chorale de Barr a chanté une messe polyphonique avec beaucoup de précision.
Le sermon a été prononcé par le recteur Hartz - Sainte-Marie-aux-Mines, également un enfant de Barr. Dans les deux langues, le prédicateur a évoqué la terrible fureur de la guerre qui nous a même volé nos cloches, à nous Alsaciens. Après avoir expliqué les cérémonies de la bénédiction des cloches, il a lancé un appel enflammé à ses compatriotes pour qu'ils se lèvent, s'il le fallait, à l'appel des cloches pour défendre les libertés religieuses et surtout nos écoles chrétiennes d'Alsace.
Après l'office, Mgr Ruch a procédé à la bénédiction des cloches. Les fidèles ont suivi avec recueillement les cérémonies solennelles. La joie était grande lorsque l'évêque, le clergé, les parrains et marraines ont frappé pour la première fois les cloches nouvellement consacrées. Enfin, Mgr Ruch a pris la parole dans les deux langues pour remercier tous ceux qui ont contribué par leurs dons à l'acquisition des cloches. Son remerciement épiscopal s'adressait avant tout à l'administration municipale, aux parrains et marraines.
Dehors, dans la cour de l'école, une pluie de dragées s'est abattue pour le plus grand plaisir des jeunes et des moins jeunes. Un banquet a réuni les parrains et marraines et le clergé à la "Krone". Mais l'heure des adieux sonna bientôt pour Monseigneur. Une voiture est venue le ramener à Haguenau, où l'après-midi a eu lieu la consécration de la cloche dans l'église paroissiale Saint-Georges.
Pour le dimanche blanc (dimanche de Quasimodo), les nouvelles cloches sonneront dorénavant au-dessus de Barr pour appeler les heureux premiers communiants à célébrer leur plus beau jour, qu'elles soient et restent à jamais des cloches de paix.

(Traduit de l'allemand d'après l'article Der Elsässer 1925-04-14) 

15 août 1935

Première messe à Barr

1935 Messe des prémices

Depuis des années déjà, la fête de l'Assomption de la Vierge Marie à Barr revêt un caractère festif particulier. Chaque année, la paroisse s'y prépare par un triduum  et les fidèles sont nombreux à recevoir les saints sacrements ce jour-là.
Mais cette année, l'ambiance de fête devait encore être rehaussée par la célébration de la première messe du Révérend Père rédemptoriste Achille Wittersheim, ordonné prêtre le 4 août au couvent d'Echternach. Un bel autel de la Vierge avait été érigé à l'entrée de l'école, ce qui donnait à l'ensemble l'aspect d'une petite chapelle. Les marches de l'autel étaient recouvertes d'un tapis naturel en mousse, réalisé avec art par le frère du nouveau prêtre, sur lequel on pouvait lire la devise de l'Ordre des Rédemptoristes : "Copiosa apud eum Redemptio" . Autour de lui, outre la mère du nouveau prêtre, ses 9 frères et sœurs, dont une sœur de la congrégation des Dames Auxiliatrices de l'Immaculée Conception de Paris, et les fidèles de la paroisse. Une procession solennelle est venue accueillir le nouveau prêtre.

Après un chant d'accueil interprété par la chorale de l'église, un neveu et une nièce ont félicité leur oncle pour ce jour de célébration. Le recteur Ehrhard a ensuite souhaité la bienvenue à son enfant de la paroisse. Il a décrit en termes chaleureux la grandeur du sacerdoce et a conclu en demandant au nouveau prêtre de se souvenir, lors du saint sacrement, des intentions de toutes les personnes présentes et d'inclure dans sa prière les défunts, en particulier son père, décédé en 1918 des suites d'une maladie contractée pendant la guerre. La fête de la messe de prémices doit être une véritable fête de famille à laquelle les vivants et les défunts ont leur part. En chantant le psaume Laetatus sum , le nouveau prêtre a été conduit en procession à l'église où il a célébré son office de prémices, assisté de son oncle, l'abbé Eugène Wittersheim, et de Messieurs les abbés Rosio et Jehl. Après l'évangile, l'oncle du nouveau prêtre, qui avait déjà prêché le triduum de l'Assomption, est monté en chaire pour évoquer avec force la fonction de médiateur du prêtre entre Dieu et les hommes.

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La photo officielle avec au centre du 1er rang Révérend Père rédemptoriste Achille Wittersheim qui a célébré sa première messe à Barr

(photo confiée par la famille Oster)

Le chœur mixte, sous la direction de l'enseignant Schmitter, a renforcé le caractère solennel de la cérémonie en interprétant magistralement la messe de Gruber en l'honneur de saint Grégoire. L'après-midi, les vêpres solennelles ont été suivies de la procession habituelle de la Vierge. Le nouveau prêtre a ensuite prononcé sa bénédiction de primauté.
La fête a été un jour de joie pour toute la paroisse, et surtout une belle consécration pour la mère du Primatice, qui a élevé tous ses enfants dans la foi chrétienne. La famille est la première et la meilleure pépinière de la vocation sacerdotale.
Dimanche dernier, le nouveau prêtre a remercié en termes affectueux tous ceux qui ont contribué à magnifier la fête et a promis de se souvenir de tous lors du saint sacrifice de la messe. Puisse la paroisse, qui n'a célébré une primauté que l'année dernière, célébrer encore souvent de telles fêtes. 
Quant au nouveau prêtre, qui retournera bientôt à Echternach pour y achever ses études, nous lui souhaitons les plus riches bénédictions de Dieu dans sa sublime vocation, afin qu'il lui soit donné, selon la devise de son ordre, de transmettre à toutes les âmes qu'il rencontrera la "Rédemption abondante de Jésus-Christ" en tant que prêtre.

(Traduit de l'allemand d'après l'article Der Elsässer 1925-08-25)

Les tourments de l'histoire

Durant la 2e guerre mondiale, comme beaucoup d’édifices barrois, la toiture et le clocher devaient subir de graves dommages consécutifs aux bombardements d’artillerie de la libération. Les tireurs d’élite ou observateurs allemands avaient pour habitude de s’embusquer dans les clochers qui constituaient un poste d’observation idéal pour surveiller les mouvements ennemis.

 
Il fallut attendre 1952 pour que l’édifice rénové au titre des dommages de guerre puisse à nouveau accueillir les fidèles. Le recteur doyen Jospeh Hochenedel, nommé en 1946, célébrait les messes dans la grande salle du foyer catholique attenant. L'inauguration de l'église eut lieu le 18 mai 1952 en présence de Mgr Neppel, vicaire général, et de nombreuses personnalités locales. Le clocher lui aussi endommagé, devra attendre !

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L'église dans son état actuel

En 1967 le clocher qui présentait un état de vétusté avancé, reçoit une nouvelle toiture polygonale avec couverture en cuivre et en forme de flèche. Elle est surmontée d’une croix avec en son sommet une girouette représentant un coq doré.

Dans le beffroi, trois cloches rythment les heures et appellent les fidèles au culte et à la prière de l’Angélus:

La Grande cloche sonne le Do, elle pèse 1950 kg  et est dédiée à Ste Marie et a été fondue par Fr. Roussel à Metz en 1869

La moyenne cloche sonne le Mi, elle pèse 1180 kg  et est dédiée à St Joseph et a été fondue par l’entreprise Caussard de Colmar en 1925

La petite cloche sonne le Sol, elle pèse 700kg et est dédiée à St Martin.

Vers 1970, sous l’impulsion du Recteur Beller et du conseil de fabrique, le vieux foyer paroissial fait l’objet d’une rénovation complète avec salles de réunions, dortoirs, cuisine et sanitaires et un  petit terrain de camping est implanté dans le verger au pied de l’école catholique.

En vue du 150e anniversaire de la construction de l’église Saint-Martin, le conseil de fabrique décide d’une rénovation d’abord extérieure en 1976, puis intérieure en 1977. Le maître autel monumental a été supprimé, mais les tableaux, statues et vitraux ont été conservés. L’église présente aujourd’hui un aspect intérieur encore plus dépouillé et contemporain.

Son orgue

L'église catholique de Barr a été achevée en 1825. Dès 1826, Xavery Mockers y plaça un orgue de 16 jeux. L'instrument semble avoir été reçu en août 1826
On connaît le nom de son premier organiste : François Donat Klein. Par la suite, on a noté deux réparations (effectuées par la maison Stiehr), en 1841 et 1898 (la seconde menée par Louis Mockers).
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités le 10/05/1917.

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